Des services secrets, nous ne savons que les échecs et rarement les succès. Si l'échec provoque l'anathème, l'ingratitude est fille de la victoire. Quand à la gloire, il faut l'oublier, elle est pour les autres...

vendredi 15 mars 2013

Crash du Rio-Paris, la fatigue des pilotes a été cachée


Le Point.fr a pu consulter le rapport d'enquête judiciaire. Il apporte un nouvel éclairage sur l'accident qui avait fait 228 victimes en juin 2009.

Les pilotes aux commandes de l'Airbus A330 manquaient-ils de sommeil le 1er juin 2009 pour aborder sereinement la nuit de veille entre Rio de Janeiro et Paris ? Cela serait une explication face au comportement totalement hors norme de l'équipage du vol AF447. On sait que celui-ci n'a pas apporté la réponse attendue à une panne d'indicateur de vitesse liée à la défaillance des sondes Pitot. L'équipage de conduite s'est trouvé complètement déstabilisé. En schématisant, certaines actions sur les commandes étaient à l'inverse de celles prescrites et apprises dans une telle situation.

Remis par les experts judiciaires l'été dernier aux juges d'instruction Zimmerman et Daurelle du tribunal de grande instance de Paris, le rapport judiciaire n'avait pas été communiqué intégralement aux familles des victimes. Faute de traductions, il avait seulement été consulté par leurs avocats. Le Point a pu se procurer ce document. L'analyse de l'accident ne diffère pas fondamentalement de celle contenue dans le rapport technique du BEA également publié l'an dernier. Sauf sur un point, la fatigue.

Seulement une heure de sommeil avant le vol

Les experts judiciaires, chargés d'éclairer les magistrats sur les responsabilités des prévenus, ont ajouté cet aspect que les enquêteurs du BEA avaient occulté, considérant qu'il s'agissait de la vie privée. En conséquence, il n'y avait pas eu d'enquête sur l'activité et le repos pris par les pilotes, accompagnés par leurs épouses ou compagnes, lors de l'escale de Rio. Le milieu aéronautique s'en était étonné et même le Syndicat national des pilotes de ligne attire, ces derniers temps par des communications ou des journées d'action, l'attention des autorités sur la fatigue des navigants.

"Cette nuit, j'ai pas assez dormi. Une heure, c'était pas assez tout à l'heure", grommelle le commandant de bord du vol AF447 à 1 h 4 mn 19 cette nuit du 1er juin. Cette transcription de l'enregistreur de vol dédié aux voix et aux bruits (CVR) est reproduite mot à mot dans le document des experts judiciaires. Les rapporteurs y ajoutent d'ailleurs des commentaires et soulignent que "pendant les 23 premières minutes d'enregistrement, le silence domine au sein de l'équipage avec les communications radio du contrôle de Recife en arrière-plan, l'attention est relâchée au point d'écouter de la musique". Puis "alors que la charge de travail est faible et que la fatigue se fait sentir, l'équipage remplit les obligations de la préparation de la traversée de la zone ETOPS sans dynamisme" quand il faut analyser l'état des aérodromes de déroutement en cas de panne. On se souvient que le commandant de bord, parti se reposer, avait mis plus d'une minute trente pour regagner le cockpit depuis l'espace de repos adjacent, quand l'alarme de décrochage avait retenti.

Tout rapport judiciaire doit répondre aux questions du juge sur les causes de l'accident et l'éclairer. Les experts judiciaires ont donc ajouté, aux autres éléments déjà donnés par le BEA, l'item "4.3. Fatigue maximale dans phase basse du cycle circadien". Expertises et contre-expertises de la défense et des parties civiles ne manqueront pas d'infirmer ou de confirmer ce premier rapport judiciaire qui réveille l'enquête sur le crash de l'AF447.

Thierry Vigoureux 

jeudi 14 mars 2013

Opération Memphis: la version finale‏



Il y a quelques mois et suite à une demande d’explications de la part d’une future collaboratrice qui voulait avoir des détails sur le rôle de Claude Covassi quant à sa participation dans l’opération Memphis qui fit couler beaucoup d’encre tant dans la Presse que dans les différents services concernés, Claude Covassi décida de rédiger à chaud ce qui sera la version définitive et inexpugnable de cette épisode du contre espionnage helvétique.

Il mit en copie à certains de ses contacts de part le monde.

Nous vous livrons sa version des faits n’en déplaisent à certains et comme aimait le dire Claude Covassi :

« Tout le reste n’est qu’écrans de fumée, façade et décors de théâtre pour endormir ou amuser les spectateurs. »


—– Message d’origine —–
De: Claude Covassi
Date: Sun, 29 Apr 2012 16:02:11 +0200
Sujet: United Fruit Company


Chère amie,

Puise que l’on parle du sujet cité en marge, je fais te faire, non pas des confidences, puisque je n’ai rien à cacher, mais un résumé complet (cela restera un résumé).

En premier lieu, il faut garder à l’esprit que la mission du renseignement helvétique est de « savoir et comprendre ». Tout autre objectif, comme par exemple manipuler des individus ou l’opinion publique, n’est en rien conforme avec les objectifs de nos institutions qui ont le devoir d’assurer la protection du pays et de ses habitants.

Collaborateur du SRS (Service de renseignement stratégique, DDSP – Département de la défense, protection des personnes et des sports), nous avons eu pour mandat en décembre 2003 d’effectuer des investigations sur l’organisation des Frères Musulmans, et donc leurs intérêts et objectifs en Suisse. L’organisation étant internationale, notre champ d’investigation n’était pas limité géographiquement.

Monsieur Hani Ramadan étant le petit fils du fondateur de cette organisation, Monsieur Hassan el-Banna, il devenait donc un objectif important de cette opération.

Le SRS ayant vocation à s’occuper du renseignement à l’étranger, nous avons monté une opération conjointe avec le SAP (Service d’analyse et de prévention, Fedpol, DFJP – Département fédéral de justice et police), qui s’occupait alors du renseignement intérieur – cela afin de répondre à l’ensemble des critères légaux.

Officieusement, l’opération a débuté en mars 2004. S’il y a un départ officieux c’est que, avant de mettre en route l’ensemble des procédures propre é faire valider une opération par le CF, et d’obtenir les crédits nécessaires, il faut s’assurer d’une certaine efficience. Légalement, l’opération à débuté en juin 2004 (le 13 si ma mémoire est bonne). Elle a porté le nom de « Memphis », et moi le code de « Menes ». 

Pour la crédibilité de mon personnage, il a fallu fabrique ce qu’on appelle dans le langage des services une « légende », de sorte à ce que Hani Ramadan morde à l’hameçon (il fallait bien expliquer pour quelle raison, à 33 ans, je venais à m’intéresser à! ; ! l’Islam).

Les rapports entre les deux services (SRS et SAP), on toujours été en concurrence, c’est à dire mauvais. Dans le cadre de cette opération, nous avons toujours été en désaccord (je te passe les détails de ce genre de guerre des services).

Très vite, nous avons compris – au SRS – que le SAP voulait utiliser M. Hani Ramadan comme un bouc émissaire pour des raisons politiques. Il s’agissait de l’impliquer dans un réseau de jihadistes. Le SAP avait en effet le projet de faire passer une loi afin d’obtenir plus d’aisance dans les écoutes téléphonique (qui nécessitait alors l’aval d’un juge d’instruction), entre autres.

Notre conflit ne portait pas sur ce point, mais sur la volonté du SAP de faire de Hani Ramadan un ennemi afin d’obtenir l’adhésion populaire sur la nécessité de voter en faveur d’une telle loi.
Notre relation avec le SAP s’étant dégradée au delà du réparable, nous avons mis un terme à notre collaboration – en terme d’opération conjointe – je crois au début du mois de juin 2005. Par ailleurs, Hani Ramadan nous avait livré suffisamment d’informations pour que je puisse continuer mon travail à l’étranger (Egypte, Soudan, Syrie, Yémen, Niger, Mali, Afghanistan). De sorte à trouver une légalité sur le territoire Suisse lorsque j’y étais, nous avons établi un compromis avec le Ministère public de la Confédération et ses enquêteurs.

En janvier 2006, ayant appris que le SAP n’avait pas renoncé, malgré nos mise en garde, à vouloir « piéger » Hani Ramadan, toujours pour les mêmes objectifs politiques, nous avons décidé d’en révéler la teneur dans la presse, par un premier article dans la Tribune de Genève le 23 février de cette année (voir annexe 1).

Le SAP a ensuite divulgué mon identité au Blick. A partir de là, la guerre, par médias interposés, a été totale. Notre objectif prioritaire étant désormais de faire exploser le SAP. Raison pour laquelle j’en ai rajouté plusieurs couches, en livrant des documents confidentiels, dans les journaux suisses et étrangers que tu pourras consulter sur Internet.

Au final, nous n’avons pas été trop mauvais puisque le SAP a été dissous et que l’ensemble des services ont été réorganisé sous une nouvelle entité : SRC (service de renseignements de la confédération), qui regroupe à la foi l’intérieur et l’extérieur (la Suisse et l’étranger).

Tout au long de ma collaboration avec les services de la Confédération (tout organes confondus), je n’ai jamais fait usage d’arme ni eu besoin d’user de violence, bien qu’ayant toutefois, comme on l’imagine, reçu un entrainement ad hoc.

J’ai mis officiellement un terme à cette collaboration en mars 2006. Toutefois, aucune de mes activités présentes ou futures ne pourraient être de nature à interférer dans les intérêts stratégiques de notre pays. Egalement, je garde de très bons contacts avec mes officier supérieurs et nous nous rencontrons trois fois l’an (hors crise majeure) pour prendre un café et parler de la pluie et du beau temps (j’imagine que je n’ai pas besoin de formuler la chose plus précisément pour qu’elle soit claire).

Même si je n’ai pas spécialement envie que ce sujet soit au centre de notre relation et empoisonne toutes nos discussions, je reste à ta disposition pour répondre à toutes tes questions, de préférence oralement.

+++ Claude

PS : je ne relis pas ce mail avant de te l’envoyer. Tu en pardonneras, je l’espère, la syntaxe approximative.

PPS : je profite de cette occasion pour envoyer cette mise au point à d’autres contacts

Sous le feu des djihadistes du Nord-Mali avec les légionnaires français (reportage de Matthieu MABIN – France24)


mercredi 13 mars 2013

Stars hackées : le FBI ouvre une enquête


Les autorités américaines sont sur les dents. Mardi, un site internet a mis en ligne des données sensées appartenir à de nombreuses stars et personnalités politiques aux Etats-Unis. Tout est disponible : du numéro de sécurité sociale aux données bancaires en passant par le numéro de téléphone ou la dernière adresse connue.

En d'autres termes, des données extrêmement sensibles et pouvant mettre la vie des "cibles" en danger. Car les hackers n'ont pas seulement révélé les données personnelles des stars telles que Beyoncé ou celles de Robert Mueller III, le directeur du FBI. Ils ont également mis les informations concernant la femme du président des Etats-Unis, Michelle Obama. Certains des achats effectués par la Première dame américaine avec des cartes de crédit étaient ainsi consultables par les internautes du monde entier. Interrogé à ce sujet lors d'un entretien sur la chaîne ABC, le président Obama s'est refusé à confirmer que son épouse avait été victime de hackers, mais concédé que ce phénomène constituait un "gros problème".

Du "Dexter" dans le texte

Au total, ce sont près de dix-huit personnalités qui ont été ciblées par ce site. La liste inclut également l'ancienne secrétaire d'Etat Hillary Clinton, le milliardaire Donald Trump ou encore le comédien Ashton Kutcher. "Si vous croyez que Dieu fait des miracles, vous devriez vous demander si Satan ne peut pas lui aussi faire de très grandes choses", peut-on lire sur le site. Une phrase que les fans de Dexter reconnaîtront puisqu'elle est tirée de la série américaine éponyme où un médecin-légiste de la police de Miami se mue en tueur en série.

Sur fond noir, la photo d'une jeune fille l'index posé sur la bouche et les yeux abondamment cerclés de noir barre la page d'accueil de ce site dont le nom de domaine (.su) renvoie à celui utilisé par la défunte Union soviétique.

Un contexte compliqué pour les Etats-Unis

Ces révélations sensibles ne sont évidemment pas restées lettre morte. "Nous avons ouvert une enquête, mais nous ne commenterons pas davantage car l'enquête est en cours", a déclaré à l'AFP Max Milien, porte parole des services secrets américains, l'unité de police en charge de la protection de l'exécutif américain. Le FBI a lui aussi ouvert une enquête, selon une porte-parole qui s'est toutefois refusée à tout commentaire sur l'authenticité des données.

Cette affaire survient alors que de nombreuses sociétés informatiques américaines (Apple, Microsoft...) ont été récemment victimes de hackers, renforçant les craintes concernant les cyberattaques et la fuite probable de ces données personnelles hautement sensibles. Avec les provocations de la Corée du Nord, les attaques informatiques constituent les menaces les plus précises contre les Etats-Unis, selon le rapport annuel présenté mardi par le chef du renseignement américain au Congrès.

La piste chinoise

Lundi, la Maison Blanche avait exhorté la Chine à prendre des mesures contre le piratage informatique et l'espionnage numérique, en prévenant que la communauté internationale ne pouvait pas tolérer de telles attaques. Pékin s'était alors vigoureusement défendu d'avoir mis sur pied une opération de grande envergure pour voler des secrets industriels, malgré l'identification par une société américaine de sécurité informatique d'un immeuble de la banlieue de Shanghai depuis lequel ces attaques auraient été menées.

Mais avec l'affaire de la divulgation des données personnelles de nombreuses stars américaines et personnalités politiques de premier plan en début de semaine, c'est dans un contexte agité avec Pékin que Barack Obama a pris la parole, ce mercredi, pour évoquer le phénomène croissant des attaques informatiques visant les Etats-Unis. C'est la première fois que le président américain monte au créneau de manière aussi engagée sur le sujet. "Ce qui est vrai c'est que nous avons vu une nette augmentation des menaces sur notre sécurité informatique. Certaines sont soutenues par l'Etat. D'autres sont soutenues par des criminels", a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne ABC. Obama a également regretté que certaines de ces attaques et le piratage informatique de secrets industriels des secrets industriels avaient pour cause la perte de milliards de dollars.

Enfin, il a également demandé aux Chinois de "respecter les conventions et les lois internationales". "Et nous allons avoir quelques conversations plutôt musclées avec eux, nous en avons déjà eues", a t-il confié. Dans la foulée, la Chine a affirmé qu'elle était prête à coopérer avec les Etats-Unis pour combattre la cyber-criminalité, soutenant qu'elle était également la cible de telles attaques. "Ce qui est nécessaire dans le cyberespace, ce n'est pas la guerre mais plutôt la réglementation et la coopération", a affirmé la porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.


Décès du lieutenant Ewald Heinrich von Kleist, dernier protagoniste de l’attentat manqué contre Hitler





Le 20 juillet 1944, le lieutenant-colonel von Stauffenberg déposait des explosifs cachés dans une serviette à deux mètres d’Adolf Hitler, lors d’une réunion d’état-major organisée dans la “Tanière du loup”, à Rastenburg, en Prusse-Orientale. A midi, la bombe explosa : quatre officiers furent tués mais le chef du régime nazi en ressortit indemne, grâce au pied en béton de la table où étaient disposées les cartes.

Cet attentat aurait dû marquer la fin du régime nazi, ses organisateurs, parmi lesquels l’on trouvait des officiers ainsi que des militants politiques conservateurs et sociaux-démocrates, ayant alors prévu de lancer un coup d’Etat en détournant le plan Walkyrie, destiné initialement à réprimer d’éventuels troubles internes en Allemagne.

Parmi eux figurait le lieutenant Ewald Heinrich von Kleist, dont le décès, à l’âge de 90 ans vient d’être annoncé par le quotidien allemand Die Welt et qui était ainsi le dernier protagoniste vivant de ce complot contre Hitler.

D’après une relation qui a été faite de ce projet d’attentat, cet officier, issu d’une ancienne lignée prussienne ayant donné de grands serviteurs de l’Etat au cours des siècles, avait été initialement désigné pour porter la serviette piégée auprès d’Hitler. Mais le lieutenant-colonel von Stauffenberg décida finalement de s’en charger lui-même.

Aussi, le rôle du jeune officier fut alors limité à l’arrestation des dirigeants nazis une fois la mort d’Hitler confirmée. Comme elle ne le fut pas, lui et les autres conjurés furent l’objet d’une répression féroce. le lieutenant-colonel von Stauffenberg, le colonel Albrecht Ritter Mertz von Quirheim, le lieutenant en chef Werner von Haeften et le général Friedric Olbricht furent arrêtés et exécutés.

Le lieutenant von Kleist fut d’abord emprisonné à Berlin, puis envoyé au camp de concentration de Ravensbrück, avant d’être renvoyé au combat, les charges retenues contre lui ayant été abandonnées, faute de preuves, en décembre 1944. Il fut par la suite fait prisonnier par l’armée américaine en Italie.

Son père, opposant au régime d’Hitler depuis 1933, fut condamné à mort, comme d’autres membres de cette résistance intérieure au nazisme, dont certains furent pendus avec des cordes de piano.

Plus tard, Ewald Heinrich von Kleist raconta qu’il avait déjà été approché par le lieutenant von Stauffenberg en janvier 1944 pour commettre un attentat suicide contre Hitler. Ayant soumis ce projet à son père, ce dernier l’encouragea à le faire. Mais finalement, cette tentative d’assassinat n’eut pas lieu.

Après la guerre, Ewald Heinrich von Kleist devint éditeur et créa, en 1962, la “Wehrkundetagung” qui deviendra plus tard la Conférence de Munich sur la politique de sécurité.

Les dessous de l'affaire Iacub-DSK


Préméditation ou désespoir d'une femme amoureuse délaissée ? Entre Marcela Iacub et DSK, il y a plus qu'un malentendu ou un livre polémique.

Dominique Strauss-Kahn et son ancienne maîtresse, l'écrivain Marcela Iacub, qui a publié un livre racontant leur liaison. © Zazzo - Meigneux / Pasco/Sipa 



En décembre 2011, la philosophe Marcela Iacub informe son éditeur Fayard qu'elle publiera bientôt chez Stock, un concurrent. Elle y est contrainte, le patron de Stock est un ami, fort malade, et il l'a ardemment priée de lui donner un livre. Marcela Iacub précise qu'elle envisage de consacrer cet ouvrage aux théories sur l'hermaphroditisme, ou bien aux transsexuels...

Le 15 janvier 2013, Jean-Marc Roberts, le P-DG de Stock, amateur de poker et de désinvolture charmeuse, reçoit ce tapuscrit qu'il attend depuis plus d'un an. "J'ai lu ses dix premières pages, je les ai trouvées fortes", affirme l'éditeur, "Je lui donne des conseils, mais elle écrit entièrement seule..." Dans ce livre de Marcela Iacub, d'hermaphroditisme ou de transsexuels, il n'est nullement question, mais bel et bien des sept mois de sa liaison avec l'ex-patron du FMI, qu'elle ne nomme pas. Un récit déconcertant, dans lequel elle file la métaphore : son amant serait mi-homme, mi-cochon. L'auteur piétine allègrement la vie privée de Dominique Strauss-Kahn, tout en ne le nommant point, glissant seulement quelques indices fortement identifiants : partouze, New York, femme de chambre.

La vie privée de DSK est une chimère

DSK et ses défenseurs saisissent la justice. À l'audience, le 28 février, Jean Veil, avocat de Dominique Strauss-Kahn, lit un courriel que Marcela Iacub envoya à son amant : "Les gens avec lesquels j'ai travaillé m'ont un peu dégoûtée après coup parce qu'ils se sont servis de moi comme d'un instrument pour te nuire." Stupéfaction. L'auteur serait-elle une espionne instrumentalisée dans un noir complot ? Ici, il nous faut préciser qu'avant d'écrire Belle et Bête la philosophe publia en janvier 2012, chez Fayard, un court livre titré "Une société de violeurs". Une déconstruction radicale du féminisme victimaire. Un livre qui parvint à DSK, et à la suite duquel lui et l'auteur vécurent cette liaison tumultueuse et secrète.

Faute d'obtenir les explications de Marcela Iacub, qui n'a pas souhaité nous répondre, il convient d'examiner la machination qu'elle évoque ? Qui aurait pu vouloir nuire à DSK ? L'enjeu paraît bien galvaudé tant la particularité de l'homme public est connue, et sa vie privée une chimère. "Je ne sais pas ce que ce mail de Marcela veut dire, confie Jean-Marc Roberts. Je ne connaissais rien de leur relation amoureuse jusqu'à janvier 2013." Alors, pourquoi Marcela Iacub a-t-elle écrit de si étranges phrases ? "Elle écrit cela pour rendre DSK parano, elle veut l'effrayer", croit savoir un proche. "Faire croire à une machination, c'est son orgueil. Elle veut qu'il croie qu'elle ne l'a pas aimé", analyse une proche amie. Un faux aveu pour masquer un vrai sentiment et fabriquer un livre à scandale. La philosophie s'égare.

Emilie Lanez 

Pourquoi les djihadistes s'installent en Syrie


Ou comment l'inaction de la communauté internationale profite au Front islamiste radical al-Nosra, désormais groupe armé majeur de l'opposition.

Des membres de la brigade islamiste Hamzah défilent à Deir ez-Zor avec des drapeaux du Front al-Nosra. © ZAC BAILLIE / AFP 


C'est un symbole qui s'est effondré la semaine dernière à Raqa. La statue de Hafez el-Assad, père de Bachar et ancien président de Syrie, a été déboulonnée par des groupes rebelles syriens qui se sont emparés de ce chef-lieu de la province du même nom. Soit leur plus importante victoire depuis le début de la révolution entamée il y a deux ans. Or, à peine quelques jours plus tard, ces mêmes rebelles refont parler d'eux sur un tout autre registre.

Ils ont annoncé la création d'un "Conseil religieux pour gérer les affaires de la population" dans l'est du pays, dont ils contrôlent la majorité du territoire. "Dieu a commandé aux bataillons islamiques de former le Conseil religieux dans la région de l'Est pour gérer les affaires de la population et combler le vide sécuritaire", affirme le communiqué diffusé par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), ONG basée à Londres qui dispose du meilleur réseau de militants sur le terrain. Le Conseil doit être formé de plusieurs "bureaux", chargés notamment de la justice, de la police, des secours et de divers services.

Tribunaux islamiques

"Les vidéos qui nous sont parvenues indiquent que ces islamistes possèdent désormais leurs propres tribunaux et leur propre police dans l'est de la Syrie", affirme au Point.fr Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. Sur les images, on peut notamment apercevoir des rebelles arborant des drapeaux noirs à calligraphies blanches en train d'accrocher sur un bâtiment de la ville de Mayadeen une banderole sur laquelle est écrit "Conseil religieux de la région de l'Est". Des images-chocs que tient toutefois à tempérer le spécialiste Thomas Pierret (1), maître de conférences en islam contemporain à l'université d'Édimbourg.

"L'État n'est plus présent dans les zones libérées par les rebelles syriens", explique ce spécialiste de la Syrie. "Ainsi, c'est à ces groupes armés de reconstruire un semblant de système administratif. La tendance générale est effectivement au développement de tribunaux basés sur la charia, car la majorité de ces groupes utilisent des codes d'inspiration islamique", ajoute-t-il. De tous les groupes rebelles présents sur le territoire syrien, celui qui a le vent en poupe se nomme le Front al-Nosra (Le Front de défense du peuple syrien).

Djihadistes étrangers

Créé en avril 2011, après que Bachar el-Assad a décidé de libérer de prison la quasi-totalité des djihadistes syriens, le groupe ainsi formé a depuis bénéficié de l'arrivée de plusieurs centaines de djihadistes étrangers. "On estime aujourd'hui leur nombre à 4 000 combattants, dont deux tiers d'étrangers", affirme au Point.fr Mathieu Guidère (2), professeur d'islamologie à l'université de Toulouse-Le Mirail. "Ce sont avant tout des Tunisiens, des Saoudiens, des Jordaniens et des Irakiens, auxquels viennent s'ajouter une minorité d'Occidentaux", précise l'islamologue.

Un nombre pourtant, ô combien, inférieur aux quelque 30 000 à 50 000 soldats de l'Armée syrienne libre (ASL), formée d'anciens combattants des forces de Bachar el-Assad ayant fait défection. Mais les djihadistes d'al-Nosra se révèlent d'une redoutable efficacité. "Ils agissent en groupe de trois cents à quatre cents hommes, regroupés selon leur nationalité, avec un mode d'action rappelant l'organisation médiévale des armées musulmanes", explique Mathieu Guidère. "Ces djihadistes demeurent sous la coupe d'un émir - un commandant militaire -, mais surtout celle d'un chef théologien, chargé de décider de la validité religieuse de leurs actes."

Ascension fulgurante

Comment expliquer leurs succès retentissants, comme le dernier à Raqa, alors qu'ils ont face à eux une armée régulière encore composée de près de 300 000 hommes ? "La principale différence tient dans le fait qu'ils sont prêts à mourir", souligne Mathieu Guidère. "Surtout, ils possèdent une expérience de la guérilla glanée en Afghanistan, en Irak ou au Yémen." "Leur visée n'est pas syrienne, mais transnationaliste et dirigée vers l'oumma [la communauté des musulmans, NDLR]", assure une source diplomatique européenne, qui insiste par conséquent sur l'importance du soutien international à la Coalition nationale syrienne, principale coalition de l'opposition à l'étranger.

Toutefois, la source diplomatique rejette l'idée d'une irrésistible ascension des djihadistes radicaux en Syrie. "Nous ne sommes pas dans le déni de réalité. Mais on constate une différence entre les communications d'organisations comme le Front al-Nosra et ce qui se passe réellement sur le terrain", insiste-t-elle. "Personne ne peut stopper le Front al-Nosra aujourd'hui", insiste pourtant Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "Personne ne me prenait au sérieux en France, il y a un an, quand j'évoquais l'essor de ces groupes islamistes face à l'inaction internationale. Aujourd'hui, toute personne qui n'admet pas cette réalité ment."

Groupe terroriste

De tous les groupes armés qui combattent aux côtés de l'opposition, le Front al-Nosra est le seul à mener et à revendiquer des attentats-suicides contre les intérêts du régime, qui n'épargnent pas les vies civiles. C'est sans doute ce qui a amené les États-Unis - qui considèrent le Front al-Nosra comme une émanation d'al-Qaida en Irak - à placer en décembre 2012 le groupe sur leur liste des organisations terroristes, au grand dam de l'opposition syrienne. "On ne comprend pas pourquoi la communauté internationale se focalise tellement sur eux, alors que le Front al-Nosra n'a jamais proféré la moindre menace contre l'Occident", s'insurge Fahad al-Masri, porte-parole du commandement conjoint de l'Armée syrienne libre de l'intérieur, interrogé par Le Point.fr.

Pour l'heure, le groupe djihadiste se concentre sur la chute de Bachar el-Assad, qu'il accuse de tuer des musulmans sunnites, confession majoritaire de la population syrienne. D'après Mathieu Guidère, les chefs juridiques du Front al-Nosra ont même récemment intimé l'ordre à leurs combattants de ne pas s'occuper de la place de la charia dans les territoires conquis. "Ils effectuent un travail impressionnant sur le terrain et tuent un grand nombre de soldats syriens", confie de son côté Rami Abdel Rahmane.

Aide humanitaire

Outre l'efficacité de leurs combats, les djihadistes impressionnent par l'aide humanitaire qu'ils apportent aux populations locales, dans un territoire riche en puits gaziers et pétroliers. "Loin de se livrer au pillage, ils font bénéficier les Syriens de leurs conquêtes, en leur redistribuant des bonbonnes de gaz ou du pain à un prix coûtant", affirme le directeur de l'OSDH. Récemment, ils auraient même escorté des véhicules de la Croix-Rouge dans la ville meurtrie d'Idleb. Quoi de plus normal, dès lors, que ces combattants soient accueillis à bras ouverts par les populations "libérées" ?

"Ils ne commettent aucune exaction sur les civils, ne demandent rien aux populations et n'essaient même pas de profiter de l'économie de la guerre", rappelle l'islamologue Mathieu Guidère. "S'ils n'étaient pas là, les populations seraient soit bombardées soit massacrées par les miliciens du régime." "Pendant que la communauté internationale laisse les Syriens à l'abandon, le Front al-Nosra, lui, soutient le peuple", ajoute Fahad al-Masri, le porte-parole de l'ASL.

La question du financement

Reste l'épineuse question du financement de ce groupe islamiste. À en croire Rami Abdel Rahmane, les djihadistes du Front al-Nosra disposeraient de bien plus d'armes que l'ensemble des autres brigades de l'opposition. S'il n'avance pas de preuves, le directeur de l'OSDH suggère que leur argent pourrait venir des pays du Golfe. "Ce financement ne vient certainement pas d'un appareil d'État, mais de fonds privés", assure Thomas Pierret. "Parce qu'il est inconcevable que des monarchies comme l'Arabie saoudite ou le Qatar financent des groupes qui leur sont ouvertement hostiles", précise ce spécialiste de la Syrie.

"L'Arabie saoudite est aujourd'hui prise entre deux feux", renchérit Mathieu Guidère. "D'un côté, Riyad soutient la rébellion contre le régime syrien, de l'autre, il a une peur bleue que ces djihadistes, une fois Bachar el-Assad tombé, rentrent chez eux et perpètrent de nouveaux attentats contre le Royaume, comme ce fut le cas au cours des années 2000." D'après l'islamologue, l'argent du Front al-Nosra viendrait avant tout des djihadistes eux-mêmes. "Le financement est totalement privé. Chaque combattant, lorsqu'il s'engage, arrive avec tous ses biens et ses armes pour financer son combat", indique Mathieu Guidère. "Ils sont dans une logique encore plus radicale que le djihadisme, le martyrisme : celle de pouvoir mourir en martyr." Avec le risque que ces hommes souhaitent jouer un rôle dans la Syrie de demain.


(1) Thomas Pierret, auteur de Baas et islam en Syrie. La dynastie Assad face aux oulémas (PUF, 2011).

(2) Mathieu Guidère vient de publier Les cocus de la révolution (éditions Autrement).

mardi 12 mars 2013

Le suspect no 1 russe refuse de collaborer


La mort de l'ex-agent secret russe, empoisonné au polonium en novembre 2006, ne restera peut-être pas impunie. La Grande-Bretagne va ouvrir une enquête l'an prochain.

Litvinenko avait bu un thé en novembre 2006 avec Andreï Lougovoï. 


Andreï Lougovoï, principal suspect de l'assassinat en 2006 à Londres de l'opposant et ex-agent du FSB russe Alexandre Litvinenko, a annoncé mardi qu'il ne participerait pas à l'enquête judiciaire sur la mort par empoisonnement au polonium de ce transfuge russe.

«Je suis obligé d'annoncer que je me retire de l'enquête et que je n'y prendrai plus part», a indiqué M. Lougovoï lors d'une conférence de presse à Moscou, précisant que son équipe de juristes en Grande-Bretagne ne présenterait plus de documents.
 Une enquête judiciaire est destinée à établir les circonstances exactes d'un décès en cas de mort violente ou inexpliquée. Menée parallèlement à l'enquête policière, elle ne débouche pas sur un procès et ne vise pas à établir les responsabilités pénales ou civiles.

L'enquête judiciaire sur la mort de Litvinenko doit débuter plus tard dans l'année. M. Lougovoï, actuellement député en Russie, a expliqué que sa décision était liée à la demande du ministre britannique des Affaires étrangères William Hague d'empêcher que des preuves liées à l'affaire Litvinenko soient rendues publiques pour des raisons de sécurité.

«Il y a la position de la Grande-Bretagne de rendre cela secret et il y a ma position : de ne pas prendre part car cela a été rendu secret», a-t-il déclaré. «Je ne crois plus qu'une enquête impartiale sur cette affaire soit possible en Grande-Bretagne», a-t-il ajouté.

La décision du Gouvernement britannique a également été dénoncée par des médias britanniques et la famille Litvinenko. Fin février, l'avocat de sa veuve Marina Litvinenko avait affirmé que le Royaume-Uni cherchait à garder secrètes des informations concernant la mort d'Alexandre Litvinenko afin de ne pas affecter des accords commerciaux avec la Russie.

Litvinenko, un transfuge du FSB (services de renseignement russes) réfugié au Royaume-Uni, avait bu un thé en novembre 2006 avec Andreï Lougovoï et l'homme d'affaires Dmitri Kovtoun, dans un hôtel londonien. Il avait succombé peu après à un empoisonnement au polonium, une substance radioactive.

Cette affaire est un sujet de contentieux entre Londres et Moscou, en raison du refus de la Russie d'extrader M. Lougovoï, considéré par les enquêteurs britanniques comme le principal suspect de l'assassinat.


lundi 11 mars 2013

« The Gatekeepers » : les guerriers de l’ombre d’Israël plaident pour la paix




C’est un passage exceptionnel de l’autre côté du miroir, dans la tête de six hommes qui ont eu à connaître, et à agir brutalement, au cœur du conflit israélo-palestinien. Ces anciens patrons du Shin Bet, le service de renseignement israélien chargé de la lutte antiterroriste, se livrent avec une déconcertante franchise dans un documentaire diffusé ce mardi soir sur Arte.

Le documentaire, signé Dror Moreh, sélectionné pour les Oscars, montre des hommes qui admettent avoir ordonné des assassinats ciblés, avoir opéré des rafles, et même avoir torturé pour obtenir des informations afin d’empêcher des attentats.

Mais, surtout, « The Gatekeepers », c’est l’histoire d’un pays qui, depuis sa victoire historique de la « Guerre des six jours » de juin 1967, n’en finit pas de chercher des réponses sécuritaires à des questions politiques.

C’est la principale leçon de ces entretiens fascinants avec ces hommes qui ont dirigé le Shin Bet entre 1980 et 2011. Maîtres d’une action de renseignement et d’action de plus en plus sophistiquée et de plus en plus efficace, ils expriment, chacun à leur manière, un pessimisme de la raison.

« On ne fait pas la paix avec des méthodes militaires »


L’un d’eux exprime tout simplement la leçon d’une vie dans la guerre de l’ombre :
« On ne fait pas la paix avec des méthodes militaires. La paix repose sur des relations de confiance. Avec les Palestiniens, ça ne devrait pas être si difficile à construire. »
Prononcé par toute autre personne qu’un ancien patron du Shin Bet, un tel propos pourrait être aisément balayé d’un revers de manche. On a affaire ici à des hommes qui ont été confrontés à la vie et à la mort tout au long de leur carrière.

Ami Ayalon, l’un des six ex-patrons du Shin Bet de « The gatekeepers » (AP/SIPA)


Et, à contre courant de ce que pense la majorité des Israéliens, si l’on prend pour référence les dernières élections, ils estiment qu’il faut « parler avec tout le monde », y compris le Hamas ou le Jihad islamique, « et même [le président iranien] Ahmadinejad », dit l’un d’eux.

Pour en arriver là, ils sont passés par une lutte à mort avec leurs ennemis, d’abord le Fatah de Yasser Arafat jusqu’aux accords d’Oslo de 1993, puis les islamistes du Hamas ou du Jihad islamique jusqu’à aujourd’hui.
  • Ils ont constaté les limites des assassinats ciblés qu’ils ont eux-mêmes ordonnés – c’est immoral et en plus c’est « inefficace », dit Ami Ayalon, l’un des plus impressionnants ;
  • ils se sont confrontés aux questions éthiques de la guerre de l’ombre, de la torture, de l’arbitraire ;
  • ils ont constaté le vide de la pensée politique, la lâcheté des dirigeants qui refusent d’assumer leurs erreurs, et la transformation de la lutte antiterroriste comme une fin en soi.

Assassinats entre juifs


Parmi les aspects les plus inquiétants de ce documentaire, l’épisode de l’assassinat du premier ministre Yitzhak Rabin par un extrémiste juif en 1995, qui a pris le Shin Bet par surprise, et qui fait dire à l’un de ses anciens patrons qu’il y aura d’autres assassinats politiques entre juifs si, un jour, Israël choisit de se retirer des territoires occupés palestiniens.

Et cette stupéfiante conclusion d’un de ces ex-patrons de la lutte antiterroriste, à qui l’auteur lit une phrase prophétique du philosophe Yeshayahou Leibowitz, qui avait prédit dès 1967 qu’en choisissant l’occupation et la colonisation après sa victoire, Israël perdrait son âme et irait au désastre.

L’un des anciens chefs du Shin Bet réfléchit, et dit qu’il est d’accord « avec chaque mot » prononcé par ce philosophe, aujourd’hui disparu, longtemps considéré comme un affreux gauchiste. Il ajoute, avec le sourire :
« Quand tu quittes le Shin Bet, tu deviens un peu gauchiste... »

Comme l’armée allemande...


Mais sur un mode plus sombre, plus tragique au regard de l’histoire, l’un de ces anciens patrons de la lutte antiterroriste va jusqu’à comparer l’armée israélienne à... l’armée allemande, non pas dans son traitement des juifs, mais dans son rapport aux peuples occupés en Pologne, Tchécoslovaquie ou Belgique.
Ce message n’est pas audible aujourd’hui pour la plupart des Israéliens qui ont choisi les partis qui leur promettent la sécurité plutôt que la paix. Ce qui fait dire à l’un de ces hommes de l’ombre :
« Ça me rend malade, le futur est sombre, l’avenir noir. »
Le titre anglais « The Gatekeepers » a été bizarrement traduit en français : « Israël confidentiel », comme un vulgaire thriller, alors que l’idée est plutôt celle des « Gardiens du temple », qui sonnent l’alarme mais que personne n’écoute.

Egger Ph.

La branche irakienne d’al-Qaïda revendique l’embuscade qui a coûté la vie à 48 soldats syriens


Pour Bagdad, il ne faisait aucun doute qu’un “groupe terroriste infiltré en territoire irakien depuis la Syrie” était le responsable d’une l’attaque commise le 4 mars dernier contre un convoi irakien. Cette embuscade avait fait 57 tués, dont 9 gardes et 48 militaires syriens qui, blessés, s’étaient réfugiés en Irak avant d’être finalement rapatriés dans leur pays.

Seulement, il semblerait que ce soit un peu plus compliqué que cela. En effet, l’Etat islamique d’Irak (ISI), la branche irakienne d’al-Qaïda, a revendiqué cette attaque si l’on en croit un communiqué diffusé sur les sites jihadistes.

“Dans le désert de la province d’al-Anbar, des équipes armées ont réussi à décimer un convoi de l’armée safavide (ndlr, gouvernement chiite) et ses véhicules qui transportaient des membres de l’armée du régime ‘noussaïri’ (ndlr, terme péjoratif désignant les alaouites, dont est issu le président syrien) et des ‘chabbiha’ (ndlr, miliciens pro-régime)”, a fait valoir l’organisation terroriste.

Cette opération a-t-elle été menée en collaboration avec des éléments jihadistes actifs en Syrie, en particulier le groupe Jabhat Al-Nosra? Ce dernier a-t-il trouvé refuge dans la province d’al-Anbar?

Quoi qu’il en soit, faute de trouver une solution au conflit syrien qui amènerait à une transition en bon ordre, le scénario selon lequel la Syrie deviendrait un Etat failli se dessine. Dans le cas où le régime de Bachar el-Assad s’effondrerait brutalement, le pays deviendrait, a estimé, dans les colonnes du quotidien Le Monde, Joseph Bahout, un spécialiste de la région, “l’Afghanistan du Moyen Orient” et déstabiliserait ses voisins.

Et l’Irak est en première ligne. Le pays est toujours traversé par des tensions confessionnelles (éternelle rivalité entre chiites et sunnites) et ce qu’il se passe en Syrie y aura forcément des échos. Qui plus est, la question du pétrole envenime les rapports entre Bagdad et le Kurdistan irakien.

Le jeu trouble de John Kerry


Alors que l’armée arabe syrienne vient de perdre Rakka, laissant de facto une partie du Nord du pays sous contrôle turc, les États-Unis multiplient les signaux contradictoires. Ont-ils choisi de poursuivre la guerre par procuration ou se placent-ils en position d’imposer à leurs alliés l’accord de paix qu’ils ont négocié avec les Russes ?


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John Kerry et son homologue saoudien, l’ultra-réactionnaire prince Al-Faiçal.


La mise en œuvre du plan de paix pour la Syrie, négocié entre Russes et États-uniens, piétine. Il y a d’abord eu le retard dans la confirmation de la nouvelle équipe de sécurité US par le Sénat. Puis, les déclarations contradictoires, pour ne pas dire incohérentes, du nouveau secrétaire d’État, John Kerry.

Quoi qu’il en soit, deux éléments nouveaux peuvent être établis.

L’activisme de l’Arabie saoudite et du Qatar s’est renforcé avec l’accord apparent du département d’État.

Lors d’une conférence de presse commune avec son homologue saoudien, John Kerry a d’abord répété par deux fois son attachement à une « solution pacifique » en Syrie. Mais deux minutes plus tard, il a approuvé l’envoi par l’Arabie saoudite d’armes à l’opposition syrienne « modérée ». M. Kerry a réitéré ses contradictions lors de son passage au Qatar.

Au plan symbolique, l’Arabie saoudite et le Qatar ont fait attribuer à la Coalition nationale syrienne le siège de la Syrie à la Ligue arabe. En outre, à leur demande, la Ligue a autorisé ses membres à armer les « rebelles syriens ». Il est impossible que certains membres de la Ligue aient voté ces décisions sans s’être assurés au préalable du feu vert de M. Kerry.

En droit international, le fait de revendiquer ou d’approuver l’envoi unilatéral d’armes à des groupes rebelles, en dehors d’une résolution du Conseil de sécurité, constitue un crime. Si la Syrie déposait une plainte devant la Cour international de Justice, elle obtiendrait à coup sur une condamnation de l’Arabie saoudite, du Qatar, des États-Unis, de la Ligue arabe et de quelques autres en vertu de la jurisprudence « Nicaragua contre USA » (1984).

L’initiative de la Ligue arabe prive de toute crédibilité le représentant spécial de son secrétaire général, Lakhdar Brahimi. Le vieux diplomate ne peut plus espérer jouer au médiateur puisqu’il représente de facto une partie au conflit, la Coalition nationale syrienne, même si celle-ci n’occupe pas encore le siège qui lui a été attribué.

Les Israéliens ont multiplié les flagorneries pour faire oublier leur ingérence dans la campagne présidentielle US. Venu à Washington participer à la conférence annuelle de l’AIPAC, le général Ehud Barak a multiplié les compliments aux autorités US, assurant que jamais elles n’avaient été aussi proches de l’État d’Israël. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, quant à lui, a renoncé pour la première fois au voyage et a préféré intervenir par vidéo pour ne pas avoir à rencontrer en tête-à-tête des dirigeants qui lui demandent des comptes. La brouille est ainsi ramenée à une question personnelle pour qu’elle n’affecte pas les relations d’État à État.

Ehud Barak a été reçu au Pentagone par son homologue US, Chuck Hagel, avec lequel il a noué par le passé de bonnes relations. L’Israélien a obtenu que l’aide US (environ 3 milliards de dollars annuels) ne soit pas atteinte par les restrictions budgétaires. En contrepartie, il a cédé sur la Syrie. Dans le communiqué de presse du département de la Défense, il est précisé que les deux parties ont discuté des sujets communs de sécurité « incluant la nécessité pour le régime syrien de maintenir son contrôle sur les armes chimiques et biologiques dans son pays ; les leaders se sont engagés à poursuivre la planification des mesures d’urgences pour contrer cette menace potentielle ».

En d’autres termes, Washington et Tel-Aviv n’envisagent plus de « changement de régime » à Damas, et sont convenus d’aider l’armée arabe syrienne à conserver le contrôle de ses armes chimiques et biologiques face aux attaques des jihadistes.

Israël se retire du conflit. Dont acte : deux jours après cette volte-face, on découvrait et démantelait sur le littoral syrien un système complexe d’observation électronique et de communication israélien.

En définitive, les États-Unis cherchent à se désengager militairement, eux-mêmes et leur alter ego israélien, alors qu’ils encouragent leurs alliés du Golfe à l’escalade militaire et au blocage diplomatique. Il est encore top tôt pour savoir s’ils jouent un double jeu et tendent un piège à la Russie au détriment du peuple syrien, ou s’ils poussent leurs alliés du Golfe dans une impasse pour pouvoir mieux leur imposer la solution qu’ils ont négocié avec Moscou.

Présentation du programme de drone de combat « nEUROn » par Dassault



dimanche 10 mars 2013

Mali : la Suisse reconnaît des contacts avec les indépendantistes touareg


Berne voudrait jouer les "facilitateurs" entre Bamako et le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) dans le conflit qui mine le pays.

Le Point.fr a révélé cette semaine que deux députés de l'Union démocratique du centre (UDC), une formation appartenant à la coalition au pouvoir, avaient interpellé le gouvernement suisse, affirmant que, "selon une source sûre", des soldats d'une unité d'élite suisse auraient séjourné deux mois au Mali. L'information a été démentie par un fonctionnaire, mais ni par le ministre de la Défense ni par son homologue des Affaires étrangères.

Cette éventuelle présence de soldats à la croix blanche a aussitôt été reprise par plusieurs sites africains, notamment maliens. Commentant la nouvelle, des internautes ont évoqué l'étrange soutien que Berne apporterait aux indépendantistes touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Simples rumeurs ? Car, enfin, qu'est-ce qu'un petit pays neutre, qui n'a plus été en guerre depuis plusieurs siècles, ferait au Sahel ?

Pourtant, la piste suisse ne relève pas du fantasme. Les 25, 26 et 27 juillet 2012, le département fédéral (ministère) des Affaires étrangères (DFAE) a effectivement financé une réunion politique des rebelles touareg indépendantistes du MNLA à Ouagadougou, au Burkina Faso. Quelques semaines après cette réunion, le quotidien genevois Le Temps avait interrogé Moussa Ag Assarid, le porte-parole du MNLA, qui déclarait : "La Suisse était là pour promouvoir la paix dans cette région du monde."

La Suisse a de l'argent

Bilal Ag Acherif, le président du mouvement rebelle, aurait même chaleureusement remercié le "gouvernement suisse" de son travail de "facilitation". Embarrassé, le département fédéral des Affaires étrangères ne souhaite pas commenter ce soutien, mais il ne cherche pas non plus à le démentir. Il renvoie à un message de Didier Burkhalter, le ministre suisse des Affaires étrangères, du 26 septembre 2012 : "Le gouvernement du Mali le sait : la Suisse l'encourage et l'accompagne dans sa recherche d'une fin négociée au conflit."

Didier Burkhalter, ancien maire de Neuchâtel, ajoute que l'"engagement suisse fait suite à la demande des autorités maliennes ainsi qu'à celle d'une des parties au conflit, le MNLA. Dans ce cadre, la Suisse développe, comme à son habitude, ses bons offices de manière impartiale." Mais on s'attend si peu à une intervention de la Confédération en Afrique que l'information est passée totalement inaperçue.

"Depuis la chute du mur de Berlin, ni l'Ouest ni l'Est n'ont besoin de la Suisse pour jouer les intermédiaires. Nos diplomates se sont retrouvés au chômage technique. Ayant un réel savoir-faire, ils cherchent à jouer les intermédiaires en Afrique. Au Mali, mais aussi au Tchad et au Soudan. Comme la Suisse n'a jamais eu de colonie et qu'elle a de l'argent, les mouvements dissidents accueillent plutôt favorablement les offres de service de Berne", explique un haut fonctionnaire du département fédéral des Affaires étrangères.


Mali : Un jihadiste français fait prisonnier?


D’après le quotidien Libération, un jihadiste français aurait été fait prisonnier lors des combats qui ont opposés les forces françaises et tchadiennes aux groupes terroristes implantés dans la vallée de l’Amettetaï, située au coeur de l’Adrar des Ifoghas, au Nord-Mali.

L’identité de ce jihadiste n’a pas été encore précisée. De son côté, l’Etat-major des armées (EMA) n’a pas souhaité faire de commentaires, préférant s’en tenir aux éléments avancés par son porte-parole, le colonel Thierry Burkhard, lors d’un point de presse tenu ce 7 mars. Selon l’officier, “cinq terroristes, apparemment totalement dépassés par les événements, se sont rendus aux forces françaises à la fin de l’opération” dans la vallée d’Amettetaï.

Il est estimé qu’environ une dizaine de ressortissants français seraient partis au Nord-Mali pour rejoindre les groupes jihadistes qui s’y étaient établis. Une quinzaine d’autres ont été arrêtés avant leur départ et 4 affaires de filières de recrutement sont en cours d’instruction par les juges anti-terroristes français.

En tout cas, l’un d’eux, Ibrahim Aziz Ouattara, un franco-malien de 25 ans, arrêté en novembre dernier à Sévaré, au Mali, pour avoir cherché à rejoindre les groupes jihadistes, a été extradé, le 5 mars dernier, vers la France, où il a été placé en garde à vue.

Le problème est que cet individu avait déjà été mis en examen, deux ans plus tôt, dans le cadre d’une instruction ouverte suite à soupçons portant sur un projet d’attentat contre Dalil Boubakeur, le recteur de la mosquée de Paris. A ce titre, il n’aurait jamais dû pouvoir quitter le territoire français. Mis, dans un premier temps, en détention provisoire, il avait été libéré en juillet 2012 et placé sous contrôle judiciaire. Il aurait cependant à rejoindre le Mali sous une fausse identité, via le Portugal.

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Découverte en Syrie de matériel israélien d’espionnage


Une unité électronique d’observation et de transmission, dissimulée dans de faux rochers, a été découverte sur le littoral syrien. Il s’agit d’un matériel israélien qui permettait à Tel-Aviv de renseigner des jihadistes sur les mouvements de troupes de l’armée arabe syrienne.


Le Sénat hésite à révéler la vérité sur la pratique US de la torture





La Commission sénatoriale permanente du Renseignement a terminé la rédaction d’un rapport monumental de 6 000 pages, incluant 35 000 notes de bas de page référençant plus de 6 000 000 de documents, relatif au programme de torture de la CIA.

L’enquête a permis d’établir que le programme était d’une ampleur gigantesque, sans commune mesure avec ce qui a été évoqué publiquement jusqu’ici. La torture était utilisée soit pour conditionner des individus, soit pour leur extorquer des renseignements. Dans ce cas, les informations obtenues, loin d’aider l’Agence dans son travail, l’ont aiguillée dans de mauvaises directions.

Nombre de ces faits ont été traités par le Réseau Voltaire au cours de la dernière décennie, mais déniés jusqu’ici par les institutions et ignorés par les médias dominants.

De l’avis de personnalités ayant eu accès au rapport, sa publication serait de nature à provoquer une onde de choc comparable aux scandales en chaînes qui suivirent les publications des rapports Church (1975) et Pike (1977). Il ne fait aucun doute que les États-Unis ont été au cours de la dernière décennie l’État avec le pire bilan en matière de droits de l’homme. Cependant, la Commission hésite à déclassifier le rapport.

La Commission, qui a déjà auditionné le candidat à la direction de la CIA, John Brennan, voudrait interrompre le processus de confirmation pour lui demander des explications. M. Brennan était en effet le numéro 3 de l’Agence durant la période sombre de George W. Bush Jr. D’ores et déjà, les proches de M. Brennan ont fait savoir qu’il nierait toute implication dans ces crimes. Il devrait plaider qu’il avait été tenu à l’écart de ce programme et qu’il avait été désinformé à ce sujet par ses collègues et supérieurs.


La malchance du commando qui a tenté de libérer Denis Allex en Somalie


L’on en sait un peu plus sur l’échec de la tentative du Service Action de la Direction générale de la Sécurité Extérieure (DGSE) pour libérer l’un des siens – Denis Allex, le pseudonyme d’un adjudant-chef – alors retenu en otage depuis juillet 2009 par les islamistes du mouvement Shebab, en Somalie.

Certains ont pu – et ce n’est pas à leur honneur – gloser sur l’échec du commando français. L’on peut mettre autant de moyens que possible, préparer minutieusement et au millimètre près chaque détail d’une opération et échouer à cause d’un coup du sort, de l’évènement imprévu.

Il suffit d’un rien pour qu’une opération soit un succès ou un échec. Le raid des Navy Seals américains contre la maison de Ben Laden au Pakistan a été une réussite. Mais n’oublions pas que l’affaire aurait pu très mal tourner après l’accident d’un des hélicoptères mobilisés pour l’occasion…

La tentative de libérer Denis Allex a été longuement préparée, mûrie. D’après l’hébdomadaire Le Point, qui a donné de nouveaux détails sur cette opération dans sa dernière édition, l’otage a été repéré à la fin de l’été dernier, probablement avec le concours des services de renseignement américains.

Des repérages dans le secteur de Bulomareer, une localité située non loin de la côte, sont alors effectués par des agents du SA, lesquels confirment la présence de leur camarade. Ce dernier est retenu dans une maison en pisé, sans étage, avec un toit en tôles ondulées. Un porte donne sur une cour, entourée par des murs. La population semble ignorer la présence d’un otage français dans les parages.

Devant les revendications extravagantes des miliciens shebabs, l’idée d’une opération d’exfiltration de Denis Allex, dont les conditions de détention sont “épouvantables”, s’impose. Le président Hollande donne alors son accord pour les préparatifs.

Mais pour que la DGSE puisse exfiltrer son sous-officier, il lui faut des moyens qu’elle n’a pas, alors que l’opération envisagée est sans doute l’une des plus compliquée qu’elle n’a eu jusqu’à présent à planifier. L’Etat-major des armées va les lui fournir.

Au Centre parachutiste d’instruction spécialisée (CPIS) de Perpignan, les commandos du SA préparent l’assaut qu’ils donneront. La maison où est retenu leur camarade est reproduite en trois exemplaires, l’un d’eux sera installé dans le radier du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral, dont l’équipage est laissé dans l’ignorance de ce qu’il se prépare.

Le navire, placé en “Incon Rouge” (c’est à dire que les communications sont coupées) embarque à son bord 2 hélicoptères Caracal de la DGSE, ainsi que deux autres appareils du même type appartenant au Commandement des opérations spéciales (COS). Ce dernier founit également 2 hélicoptères d’attaque Tigre.

Quelques jours avant le 11 janvier, date retenue pour l’opération car elle correspond aux conditions optimales, des répétitions ont lieu à Djibouti. Il s’agit alors d’établir les distances à partir desquelles les hélicoptères ne seront pas entendus à Bulomareer et de s’entraîner, une dernière fois, aux approches par la mer.

Le 10 janvier, le président Hollande donne son feu vert. Et tout s’enchaîne. Dans les airs, les Etats-Unis mettent à la disposition des Français au moins deux avions, dont probablement un AC-130 Gunship. Les 40 commandos du SA sont alors déposés par hélicoptère à 9 km de leur zone d’intervention, qu’ils atteignent, sans avoir été repérés, au bout de 3 heures de marche.

Tout se passe bien jusqu’au coup du sort. Près du mur de la maison où est retenu Denis Allex, un commando trébuche sur une boule de chiffon, qui est en fait un milicien shebab endormi. Que faisait-il là? Pourquoi n’était-il pas près du portail s’il devait surveiller l’entrée? Toujours est-il qu’il a le temps de donner l’alerte en hurlant avant d’être abattu.

Un sergent-chef de 40 ans, qui avait retardé son départ du SA pour participer à l’opération, déploie en quelques secondes une échelle téléscopique pour gravir le mur. Une fois dans la cour, il se précipite pour ouvrir le portail afin de permettre à ses camarades d’entrer. Il n’en aura pas le temps : il est tué par les gardiens des lieux. Sa dépouille sera exhibée par les jihadistes somaliens sur Twitter quelques jours plus tard.

Ces derniers comprennent alors qu’un raid est en cours pour libérer leur otage, qu’ils n’hésitent pas à l’assassiner. Pour les commandos français, la situation se complique : ils doivent faire face à une forte opposition. Et contrairement aux renseignements dont ils disposaient, leurs adversaires sont dotés d’armes de gros calibre.

Pour couvrir la retraite des hommes du SA, les hélicoptères sont obligés d’intervenir. Au final, 4 d’entre eux seront gravement blessés, dont le capitaine Rebout, qui décédera à bord du BPC Mistral. Le bilan aurait pu être encore plus lourd sans l’efficacité des médecins du bord qui réussiront à sauver les trois autres militaires. Quant aux shebabs, ils compteront 17 tués dans leurs rangs.

Double opération anti-drogue dans les caraïbes


L’EMA rapporte aujourd’hui que deux missions d’interception de go fast ont été réalisées avec succès dernièrement par la marine nationale. Preuve en est que la mécanique est bien huilée, elle est un exemple de coordinnation entre des moyens aériens (falcon 50), policiers (OCTRIS), douaniers et maritimes.

Disposant d’un hélicoptère Panther, la frégate Ventôse a d’abord intercepté le 27 février dernier un go-fast avec cinq personnes à son bord. L’opération nocturne a nécessité l’action d’un tireur d’élite des commandos marine pour stopper l’engin lancé à pleine vitesse.

Ensuite, le 1er mars, même frégate, même procédure : le go-fast est intercepté par les marins qui une fois encore interpellent cinq go-fasteurs transportant 240kg de cocaïne.

L’EMA rappelle que parmi les 3 tonnes de cocaïne saisies en 2012, 2,4 tonnes l’ont été aux Antilles. Depuis le début de l’année 2013, les douaniers ont déjà saisi 30kg de pourdre blanche. Jean-Michel Andries, directeur des douanes en Guyane, souligne à nos confrères de France Guyane que  « le maître mot est « diversification » des parcours chez les trafiquants ». Le phénomène est inquiétant car les fly-fast font aussi de plus en plus leur apparition dans les moyens employés par les go-fasteurs. Aux Etats-Unis, ce sont mêmes des drones qui sont utilisés pour l’acheminement de la drogue, comme l’explique Le Figaro.

Sept otages étrangers (Libanais, Britanniques, Italien et Grec) auraient été tués au Nigera par Ansaru


Le groupe islamiste nigérian Ansaru ("Ansaru al-Muslimin Fi Bilad al-Sudan") aurait tué sept étrangers, employés du bâtiment, enlevés le 7 février au Nigeria.

Cette organisation terroriste a diffusé un communiqué en arabe et en anglais accompagné de captures d'écran d'une vidéo censée montrer les corps, précise le SITE (Site Intel Groupe, un organisme US de surveillance des groupes terroristes). Dans ce communiqué, le groupe islamiste dit avoir décidé d'exécuter les otages en raison de tentatives menées par la Grande-Bretagne et le Nigeria pour leur porter secours (selon le communiqué, des avions militaires britanniques auraient été aperçus sur un aéroport du nord).

Les sept otages: quatre Libanais, un Italien, un Britannique et un Grec, travaillaient pour l'entreprise libanaise Straco qui intervient notamment sur la réalisation d'une route de 600 kilomètres entre Kano et Maiduguri dans le nord du Nigeria, pays où une famille française de sept personnes est toujours aux mains de Boko Haram.

Drame de Sierre : deux hypothèses persistent encore


La procédure pénale pourrait être classée dans le cadre de l'accident de car de Sierre, qui avait coûté la vie à 22 enfants. Le responsable presse de la police sera pour sa part entendu le 13 mars.

Une année après l'accident du car belge qui a coûté la vie à 28 personnes dont 22 enfants le 13 mars 2012 à Sierre (VS), les dernières investigations se concentrent sur le chauffeur. Ce dernier étant décédé dans le drame, la procédure pénale sera probablement classée.

Olivier Elsig, procureur en charge de l'enquête, attend encore deux rapports du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) de Lausanne (VD). Le premier indiquera si la maladie coronarienne dont souffrait le conducteur du bus peut être à l'origine d'un malaise, le second analysera l'influence sur le comportement de l'antidépresseur que prenait le chauffeur.

Les conclusions de ces rapports devraient être communiquées à la presse en avril. Elles donneront sans doute des pistes mais pas de certitude quant aux raisons exactes qui ont conduit le bus belge à dévier de sa trajectoire pour percuter de plein fouet un mur en béton, au fond d'une niche de secours du tunnel de l'autoroute A9 au soir du 13 mars 2012.

Deux hypothèses subsistent

Au fil des mois, les enquêteurs ont procédé par élimination. A ce stade, il reste deux hypothèses, toutes deux en lien avec le chauffeur: soit il était inattentif au moment du drame, soit il a eu un problème de santé.

«Dans un cas, comme dans l'autre, l'homme étant décédé, un classement de la procédure serait alors envisagé», indique Olivier Elsig. Mais quelle que sera la décision finale du Ministère public valaisan, les parties pourront demander d'éventuels compléments d'instruction.

Nombreuses pistes écartées

L'enquête a permis d'écarter de nombreuses pistes qui auraient pu expliquer l'accident du bus qui transportait deux classes des villes flamandes de Lommel et d'Heverlee (BE) de retour de vacances de neige à St-Luc (VS).

Ainsi l'autopsie et les analyses toxicologiques ont montré que le chauffeur est décédé des suites du choc. Il n'avait pas d'alcool ou de stupéfiants dans l'organisme. L'analyse du tachygraphe et l'expertise des images des caméras de vidéosurveillance du tunnel établie par l'Institut forensique de Zurich ont permis d'établir avec certitude que le conducteur roulait à une vitesse adaptée.

Durant les dernières centaines de mètres avant la collision, la vitesse s'élevait entre 99 et 100 km/h. L'apparente absence de réaction du chauffeur durant les dernières secondes a interpellé des familles de victimes qui ont évoqué un suicide. Pour Olivier Elsig, aucun élément ne permet pour le moment d'étayer cette thèse.

Enfin l'expertise du véhicule, avec l'examen des roues, pneus, freins, direction, suspensions et système d'accélération, n'a pas révélé de défaut ou de problème d'entretien. L'enquête a également écarté l'intervention d'un tiers ou une collision dans le tunnel avec un autre véhicule, un défaut de la chaussée ou des infrastructures du tunnel.

Vie du chauffeur inspectée

Concernant les chauffeurs, tous deux avaient respecté les temps de repos obligatoires. L'examen du téléphone portable du conducteur le plus jeune, celui qui avait pris le volant une fois la descente du Val d'Anniviers effectuée, a permis d'exclure des appels téléphoniques ou l'envoi de SMS durant les minutes ou secondes précédant l'accident.

Les messages échangés hors de ces moments ne mentionnent aucun problème particulier, souligne le Ministère public. Enfin, les investigations menées sur le parcours de vie du chauffeur, sur sa scolarité, sa carrière professionnelle, sa situation personnelle, sa vie de famille ou encore ses loisirs, n'ont pas non plus révélé d'élément pouvant expliquer l'accident.

Hommages en Suisse et en Belgique

Alors que l'enquête touche à sa fin, la ville de Sierre s'apprête le 13 mars à honorer la mémoire des victimes lors d'une célébration oecuménique à 18h00 à l'église Sainte-Croix. En Belgique, l'événement sera commémoré un jour après par une courte cérémonie à Lommel et la présentation d'une oeuvre d'art créée en souvenir du drame.

Sur les hauts de St-Luc, un rocher provenant de la montagne du Thounot a été installé. Il est muni d'une plaque avec les prénoms des victimes de l'accident et une phrase en flamand et en français: «N'aie pas peur de la nuit parce que je sais que la lumière sera là et qu'elle t'attend».

Le 4 mars dernier, une brève cérémonie a réuni autour de ce rocher des représentants de la commune et des remontées mécaniques d'Anniviers ainsi que d'Intersoc, l'organisation belge avec laquelle les enfants étaient en vacances dans la station et qui est à l'origine de ce mémorial.

Suite à la diffusion de la vidéo du quart d'heure qui suit l'accident de car à Sierre (VS), le chef de l'information de la police cantonale valaisanne, Jean-Marie Bornet, est sous le coup d'une plainte pénale. Il sera auditionné par un procureur le 13 mars, un an jour pour jour après le drame.
La plainte pénale a été adressée au Ministère public valaisan pour violation du secret de fonction. Elle émane d'un particulier avec qui Jean-Marie Bornet a déjà été en litige.
En diffusant la vidéo, le chef de l'information de la police valaisanne considère avoir agi dans le cadre de ses attributions professionnelles et selon les règles en vigueur. Son avocat Michel Ducrot rappelle que son client n'est ni suspendu, ni sanctionné.